mercredi 24 novembre 2010

LIVE: Beach Fossils/Wild Nothing @Strasbourg

29/10/2010 & 14/11/2010

Deux concerts à un mois d'écart de deux groupes du très prometteur Captured Tracks, label New Yorkais farouchement ancré pop-indé fin 80s début 90s (voir notamment l'excellent "Under and Under" de Blank Dogs).

Beach Fossils, gentillets sur disque, ont donné un très bon concert au Hall des Chars, insufflant l'énergie nécessaire pour donner suffisamment de relief à leurs compositions proprettes pour qu'elles laissent une impression plus tenace. Bonne surprise.


Wild Nothing c'est un de mes groupes préférés de l'année, Gemini, leur premier disque est vraiment chouette et leur dernier EP, Golden Haze, est encore mieux. C'est très britannique dans l'esprit, entre les débuts du shoegaze et the Cure (pour faire très bref). Et ça marche très bien sur disque.
En concert c'est malheureusement beaucoup moins convaincant. Déjà, il y a un gros problème de charisme, Jack Tatum a du mal à assurer au chant et, au risque d'être brutal, les morceaux de Gemini sonnent mal. On a l'impression de voir un songwriter accompagné d'un groupe embauché pour l'occasion, pas vraiment là. Tous les morceaux de Gemini étaient mous, y compris "Live in Dreams" et "Summer Holiday" (ce qui est limite impardonnable).
Heureusement, les nouveau morceaux ont permis au groupe de laisser une impression plus mémorable, Wild Nothing se transformant pour l'occasion en "vrai" groupe, où chacun a sa place et fait de son mieux pour que le morceau décolle. Déception donc, même si le talent -naissant-semble visiblement être de la partie.

Concerts organisés par Komakino au Hall des Chars et à Stimultania

Beach Fossils: http://www.myspace.com/beachfossils
Wild Nothing: http://www.myspace.com/wildnothing
Captured Tracks: http://www.capturedtracks.com

LIVE: No Age + Abe Vigoda @Colmar

24/10/2010


Il faisait nuit et frais ce dimanche soir d'automne et le Grillen, paraissant condamné à toujours être à moitié vide, était bien triste.

Abe Vigoda en première partie c'est un peu le groupe sans refrain, les morceaux sont sympas mais il manque l'étincelle qui fait que tout est bien. Ils avaient de très chouettes ponts cela dit.

No Age, grosses brutes, volume croissant constamment au fil du concert, tout comme l'enthousiasme (modéré par celui, très timide, du public) du duo +1. Pour résumer, au début c'était bien et à la fin c'était super. Déluge sonore impressionnant (le guitariste avait un mur de 4 amplis double corps pour lui tout seul) croisé avec un dynamisme punk au final tout simple, je suis rentré sourd mais content, regrettant seulement que l'ambiance n'ait pas été à la hauteur du concert.

No Age: http://noagela.blogspot.com
Abe Vigoda: http://www.myspace.com/abevigoda

dimanche 10 octobre 2010

Twin Shadow - Forget


C'est un disque que beaucoup de monde va aimer détester. Certains vont dire beurk 80s dansant / tout le monde fait ça maintenant / ZZzzZzZzzzZZ, d'autres vont juste être très, très jaloux. Parce que oui le disque est très 80s / Morrissey / post-disco / on-danse-seuls-en-se-serrant-dans-ses-propres-bras mais il est d'une cohésion et d'une qualité générale juste exceptionnelles. C'est pas trois bons single et des morceaux enregistrés super vite derrière, il y a un vrai souci de l'écriture, un sérieux qui impressionne et émeut. Parce que c'est surtout ça qui importe, ce qui se passe après le hochement de tête, une fois la sueur séchée. Et des choses il s'en passe, plein : regrets, introspection brute et féroce, l'impossibilité amoureuse ("i don't wanna/be/believe/in love"), les garçons, etc. George Lewis Jr (Twin Shadow) est over-the-top dans l'émotion plus que dans le son et les morceaux sont irrésistibles pour peu que l'on soit sensible aux refrains imparables et aux lignes de basses étourdissantes (ou l'inverse). Ce premier disque de Twin Shadow est un objet au final très rare, servi par une production impeccable qui joue justement sur ces deux tableaux; c'est un disque à la fois dansant, intime et complètement émouvant, qui accompagne aussi bien l'oubli de soi de la piste de danse que les dents serrées du lendemain.

Twin Shadow: http://twinshadow.net

vendredi 1 octobre 2010

Women - Public Strain


A y est, c'est l'automne. J'ai ce disque de Women dans un coin depuis quelques mois et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il prend tout son sens, soit quelques jours après sa sortie. Les dates de sorties gardent donc une certaine importance contextuelle. Des fois le hasard fait bien les choses (le Wavves au début de l'été plutôt qu'à la fin, le Shugo Tokumaru pile pour le printemps), mais des fois non - c'est chouette toute cette musique en libre circulation frauduleuse mais au final, outre leurs revenus, on prive quand même les artistes d'un élément décisif (qui dépend néanmoins plus ou moins de leur ressort) : quand les gens vont entendre le disque.

Et là je vois mal les gars de Women s'être dit que Public Strain -leur second disque- pourrait sortir en plein été, moment où il a atterrit sur mon disque dur, tellement ce disque sonne fait pour être écouté dans la fraicheur grise de l'automne. Oui j'arrête pas de parler des saisons et du temps, mais oui c'est primordial.

Et le disque est super. Entre pop 60s des bas-fonds et minimalisme sec, quelque part entre un Deerhunter plus menaçant et les Liars de Drum's Not Dead pour parler valeurs contemporaines, il règne une sorte de tranquillité dévastée mais majestueuse, tout est en place et ce qui pourrait vraiment desservir le disque -le fait que les morceaux prennent tout le temps qu'il leur faut pour s'épanouir - fait au contraire sa force. Lorsque les sommets sont atteints on a les vertèbres qui vibrent comme pas très souvent, en chœur avec les tripes. La fin du disque est particulièrement exceptionnelle, avec plein de demi-tours mélodiques qui font hocher les têtes et une maitrise du passage au refrain -ce quart de seconde avant l'arrivée de la cavalerie- qui marche à tous les coups. Une belle réussite.

Women: http://www.myspace.com/womenmusic

vendredi 17 septembre 2010

Marnie Stern - Marnie Stern


Marnie Stern est amoureuse. Jusque là les disques de Marnie Stern ça ressemblait un peu à l'intérieur du crane de la fille bizarre du fond de la classe qui se coupe les cheveux avec son cutter en mâchant son bâtonnet de colle uhu. Ça sonnait bien mais c'était fatigant.

C'est une guitare héroïne, la fille. Elle fait des solos et du tapping. Presque tout le temps. Et elle joue avec Zach Hill le batteur fou de Hella, le résultat sonnait jusqu'ici un peu comme la rencontre entre Deerhoof, Who's Next et des drogues. Sur ses deux premiers albums, très bons mais assez épuisants, il y avait en général deux (trois) morceaux avec mélodies superposées qui étaient supers. mais il n'y en avait que deux (trois).

Et donc, là, troisième album et tous les morceaux sont aussi bons que les meilleurs de ses deux premiers. La folie est toujours là, mais elle ne prend plus le dessus, sert plutôt qu'elle ne dessert, il y a plein de "you" et c'est la première fois, en l'écoutant, que le frisson dans le cou des mélodies rencontre le pincement du cœur des émotions (c'est beau comme tu parles).

Le truc qui est somme toute complètement génial, c'est que le disque sonne exactement comme c'est d'être amoureux. Bien sûr, des disques qui sonnent exactement comme c'est d'être amoureux il y en a plein. Mais pas avec du tapping.

Marnie Stern: http://www.myspace.com/marniestern1

mercredi 15 septembre 2010

LIVE: Marvin / Papier Tigre / Pneu / Electric Electric @Molodoï

14/09/2010


Chouette soirée de rentrée pour les concerts, avec des groupes qui sonnent (presque tous) mieux en live que sur disque, ça devient pas si commun.

Je suis arrivé au milieu du set de Marvin, apparemment ils tirent au sort l'ordre de passage sur chaque date et bon, ben hier soir c'est Marvin qui a commencé. Du demi-set que j'ai entendu reste l'impression que les nouveaux morceaux teintés de prog 70s sont quand même moins bien que ceux des débuts (qui déchirent grave).

Ensuite, Papier Tigre, très bonne surprise, malgré un chant qui ne m'a pas vraiment convaincu (question de gout). Son sec, très 90s (touch & go/dischord) tout fonctionne sur la répétition de riffs acérés. Les deux guitares se complètent parfaitement et la dynamique créée fait s'envoler certains morceaux très très haut.

Après, Pneu, déjà vus l'an dernier à Stimultania, toujours complètement impressionnants -ça m'a fait penser à Marnie Stern, le côté guitar hero (pas le jeu) / Baba O'Riley sous speed- ça joue super vite et super fort. J'ai moins accroché ce coup-ci à cause du mec qui faisait le tour du groupe (qui jouait au centre de la salle) en crowdsurfing. Ca déconcentre et Pneu, même si c'est quand même facile d'accès pour du Math-rock, il faut suivre un minimum pour rentrer dedans.

Et pour finir, grosse déception de la soirée, Electric Electric (c'était ma première fois) qui avaient un son horrible, grosse bouillie inaudible. J'espère les revoir dans de meilleures conditions pour me faire une idée.

Soirée organisée par Radical Calin.

Marvin: http://www.myspace.com/marvinband
Papier Tigre: http://www.myspace.com/papiertigre
Pneu: http://www.myspace.com/pneupneu
Electric Electric: http://www.myspace.com/electricelectricband

lundi 16 août 2010

Three Mile Pilot - The Inevitable Past Is The Future Forgotten

Alors que j'essayais vaguement de trouver des choses à dire sur les nouveaux Arcade Fire et Walkmen, déboule ce disque épatant qu'on attendait pas, ce qui fait vraiment plaisir par les temps qui courent.

Three Mile Pilot c'est l'ancien groupe du chanteur de Black Heart Procession et du mec de Pinback qui n'est pas Rob Crow. Donc ils ont fait des disques et après ils se sont occupés de leurs nouveaux groupes (ce qui est marrant c'est que c'est à partir de ce moment là que Black Heart Procession a commencé à être moins bien) et là ils reviennent à leurs premières amours et ça sonne comme Pinback avec le chanteur de Black Heart Procession (c'est d'ailleurs assez incroyable de voir à quel point ça sonne comme Pinback, on a tendance à tout mettre sur le dos de Rob Crow et là il est pas là et ça sonne comme Pinback avec juste un autre chanteur). Loin d'être un trip nostalgique, ce disque fonctionne comme une potion réjuvénatrice pour tout le monde, on retrouve l'inventivité sèche de Pinback qui accueille ci et là un piano bienvenu et le chant désenchanté de Pall Jenkins, qui a rangé ses pantoufles et est au mieux de sa forme depuis un bon bout de temps. Puisant dans le meilleur de leurs expériences, sortant de leurs zones de confort, ils poussent plus loin qu'à leurs habitudes et réussissent un très bon disque pour accompagner ce drôle d'automne aoutien.

http://www.myspace.com/threemilepilot