mercredi 24 novembre 2010

LIVE: Beach Fossils/Wild Nothing @Strasbourg

29/10/2010 & 14/11/2010

Deux concerts à un mois d'écart de deux groupes du très prometteur Captured Tracks, label New Yorkais farouchement ancré pop-indé fin 80s début 90s (voir notamment l'excellent "Under and Under" de Blank Dogs).

Beach Fossils, gentillets sur disque, ont donné un très bon concert au Hall des Chars, insufflant l'énergie nécessaire pour donner suffisamment de relief à leurs compositions proprettes pour qu'elles laissent une impression plus tenace. Bonne surprise.


Wild Nothing c'est un de mes groupes préférés de l'année, Gemini, leur premier disque est vraiment chouette et leur dernier EP, Golden Haze, est encore mieux. C'est très britannique dans l'esprit, entre les débuts du shoegaze et the Cure (pour faire très bref). Et ça marche très bien sur disque.
En concert c'est malheureusement beaucoup moins convaincant. Déjà, il y a un gros problème de charisme, Jack Tatum a du mal à assurer au chant et, au risque d'être brutal, les morceaux de Gemini sonnent mal. On a l'impression de voir un songwriter accompagné d'un groupe embauché pour l'occasion, pas vraiment là. Tous les morceaux de Gemini étaient mous, y compris "Live in Dreams" et "Summer Holiday" (ce qui est limite impardonnable).
Heureusement, les nouveau morceaux ont permis au groupe de laisser une impression plus mémorable, Wild Nothing se transformant pour l'occasion en "vrai" groupe, où chacun a sa place et fait de son mieux pour que le morceau décolle. Déception donc, même si le talent -naissant-semble visiblement être de la partie.

Concerts organisés par Komakino au Hall des Chars et à Stimultania

Beach Fossils: http://www.myspace.com/beachfossils
Wild Nothing: http://www.myspace.com/wildnothing
Captured Tracks: http://www.capturedtracks.com

LIVE: No Age + Abe Vigoda @Colmar

24/10/2010


Il faisait nuit et frais ce dimanche soir d'automne et le Grillen, paraissant condamné à toujours être à moitié vide, était bien triste.

Abe Vigoda en première partie c'est un peu le groupe sans refrain, les morceaux sont sympas mais il manque l'étincelle qui fait que tout est bien. Ils avaient de très chouettes ponts cela dit.

No Age, grosses brutes, volume croissant constamment au fil du concert, tout comme l'enthousiasme (modéré par celui, très timide, du public) du duo +1. Pour résumer, au début c'était bien et à la fin c'était super. Déluge sonore impressionnant (le guitariste avait un mur de 4 amplis double corps pour lui tout seul) croisé avec un dynamisme punk au final tout simple, je suis rentré sourd mais content, regrettant seulement que l'ambiance n'ait pas été à la hauteur du concert.

No Age: http://noagela.blogspot.com
Abe Vigoda: http://www.myspace.com/abevigoda

dimanche 10 octobre 2010

Twin Shadow - Forget


C'est un disque que beaucoup de monde va aimer détester. Certains vont dire beurk 80s dansant / tout le monde fait ça maintenant / ZZzzZzZzzzZZ, d'autres vont juste être très, très jaloux. Parce que oui le disque est très 80s / Morrissey / post-disco / on-danse-seuls-en-se-serrant-dans-ses-propres-bras mais il est d'une cohésion et d'une qualité générale juste exceptionnelles. C'est pas trois bons single et des morceaux enregistrés super vite derrière, il y a un vrai souci de l'écriture, un sérieux qui impressionne et émeut. Parce que c'est surtout ça qui importe, ce qui se passe après le hochement de tête, une fois la sueur séchée. Et des choses il s'en passe, plein : regrets, introspection brute et féroce, l'impossibilité amoureuse ("i don't wanna/be/believe/in love"), les garçons, etc. George Lewis Jr (Twin Shadow) est over-the-top dans l'émotion plus que dans le son et les morceaux sont irrésistibles pour peu que l'on soit sensible aux refrains imparables et aux lignes de basses étourdissantes (ou l'inverse). Ce premier disque de Twin Shadow est un objet au final très rare, servi par une production impeccable qui joue justement sur ces deux tableaux; c'est un disque à la fois dansant, intime et complètement émouvant, qui accompagne aussi bien l'oubli de soi de la piste de danse que les dents serrées du lendemain.

Twin Shadow: http://twinshadow.net

vendredi 1 octobre 2010

Women - Public Strain


A y est, c'est l'automne. J'ai ce disque de Women dans un coin depuis quelques mois et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il prend tout son sens, soit quelques jours après sa sortie. Les dates de sorties gardent donc une certaine importance contextuelle. Des fois le hasard fait bien les choses (le Wavves au début de l'été plutôt qu'à la fin, le Shugo Tokumaru pile pour le printemps), mais des fois non - c'est chouette toute cette musique en libre circulation frauduleuse mais au final, outre leurs revenus, on prive quand même les artistes d'un élément décisif (qui dépend néanmoins plus ou moins de leur ressort) : quand les gens vont entendre le disque.

Et là je vois mal les gars de Women s'être dit que Public Strain -leur second disque- pourrait sortir en plein été, moment où il a atterrit sur mon disque dur, tellement ce disque sonne fait pour être écouté dans la fraicheur grise de l'automne. Oui j'arrête pas de parler des saisons et du temps, mais oui c'est primordial.

Et le disque est super. Entre pop 60s des bas-fonds et minimalisme sec, quelque part entre un Deerhunter plus menaçant et les Liars de Drum's Not Dead pour parler valeurs contemporaines, il règne une sorte de tranquillité dévastée mais majestueuse, tout est en place et ce qui pourrait vraiment desservir le disque -le fait que les morceaux prennent tout le temps qu'il leur faut pour s'épanouir - fait au contraire sa force. Lorsque les sommets sont atteints on a les vertèbres qui vibrent comme pas très souvent, en chœur avec les tripes. La fin du disque est particulièrement exceptionnelle, avec plein de demi-tours mélodiques qui font hocher les têtes et une maitrise du passage au refrain -ce quart de seconde avant l'arrivée de la cavalerie- qui marche à tous les coups. Une belle réussite.

Women: http://www.myspace.com/womenmusic

vendredi 17 septembre 2010

Marnie Stern - Marnie Stern


Marnie Stern est amoureuse. Jusque là les disques de Marnie Stern ça ressemblait un peu à l'intérieur du crane de la fille bizarre du fond de la classe qui se coupe les cheveux avec son cutter en mâchant son bâtonnet de colle uhu. Ça sonnait bien mais c'était fatigant.

C'est une guitare héroïne, la fille. Elle fait des solos et du tapping. Presque tout le temps. Et elle joue avec Zach Hill le batteur fou de Hella, le résultat sonnait jusqu'ici un peu comme la rencontre entre Deerhoof, Who's Next et des drogues. Sur ses deux premiers albums, très bons mais assez épuisants, il y avait en général deux (trois) morceaux avec mélodies superposées qui étaient supers. mais il n'y en avait que deux (trois).

Et donc, là, troisième album et tous les morceaux sont aussi bons que les meilleurs de ses deux premiers. La folie est toujours là, mais elle ne prend plus le dessus, sert plutôt qu'elle ne dessert, il y a plein de "you" et c'est la première fois, en l'écoutant, que le frisson dans le cou des mélodies rencontre le pincement du cœur des émotions (c'est beau comme tu parles).

Le truc qui est somme toute complètement génial, c'est que le disque sonne exactement comme c'est d'être amoureux. Bien sûr, des disques qui sonnent exactement comme c'est d'être amoureux il y en a plein. Mais pas avec du tapping.

Marnie Stern: http://www.myspace.com/marniestern1

mercredi 15 septembre 2010

LIVE: Marvin / Papier Tigre / Pneu / Electric Electric @Molodoï

14/09/2010


Chouette soirée de rentrée pour les concerts, avec des groupes qui sonnent (presque tous) mieux en live que sur disque, ça devient pas si commun.

Je suis arrivé au milieu du set de Marvin, apparemment ils tirent au sort l'ordre de passage sur chaque date et bon, ben hier soir c'est Marvin qui a commencé. Du demi-set que j'ai entendu reste l'impression que les nouveaux morceaux teintés de prog 70s sont quand même moins bien que ceux des débuts (qui déchirent grave).

Ensuite, Papier Tigre, très bonne surprise, malgré un chant qui ne m'a pas vraiment convaincu (question de gout). Son sec, très 90s (touch & go/dischord) tout fonctionne sur la répétition de riffs acérés. Les deux guitares se complètent parfaitement et la dynamique créée fait s'envoler certains morceaux très très haut.

Après, Pneu, déjà vus l'an dernier à Stimultania, toujours complètement impressionnants -ça m'a fait penser à Marnie Stern, le côté guitar hero (pas le jeu) / Baba O'Riley sous speed- ça joue super vite et super fort. J'ai moins accroché ce coup-ci à cause du mec qui faisait le tour du groupe (qui jouait au centre de la salle) en crowdsurfing. Ca déconcentre et Pneu, même si c'est quand même facile d'accès pour du Math-rock, il faut suivre un minimum pour rentrer dedans.

Et pour finir, grosse déception de la soirée, Electric Electric (c'était ma première fois) qui avaient un son horrible, grosse bouillie inaudible. J'espère les revoir dans de meilleures conditions pour me faire une idée.

Soirée organisée par Radical Calin.

Marvin: http://www.myspace.com/marvinband
Papier Tigre: http://www.myspace.com/papiertigre
Pneu: http://www.myspace.com/pneupneu
Electric Electric: http://www.myspace.com/electricelectricband

lundi 16 août 2010

Three Mile Pilot - The Inevitable Past Is The Future Forgotten

Alors que j'essayais vaguement de trouver des choses à dire sur les nouveaux Arcade Fire et Walkmen, déboule ce disque épatant qu'on attendait pas, ce qui fait vraiment plaisir par les temps qui courent.

Three Mile Pilot c'est l'ancien groupe du chanteur de Black Heart Procession et du mec de Pinback qui n'est pas Rob Crow. Donc ils ont fait des disques et après ils se sont occupés de leurs nouveaux groupes (ce qui est marrant c'est que c'est à partir de ce moment là que Black Heart Procession a commencé à être moins bien) et là ils reviennent à leurs premières amours et ça sonne comme Pinback avec le chanteur de Black Heart Procession (c'est d'ailleurs assez incroyable de voir à quel point ça sonne comme Pinback, on a tendance à tout mettre sur le dos de Rob Crow et là il est pas là et ça sonne comme Pinback avec juste un autre chanteur). Loin d'être un trip nostalgique, ce disque fonctionne comme une potion réjuvénatrice pour tout le monde, on retrouve l'inventivité sèche de Pinback qui accueille ci et là un piano bienvenu et le chant désenchanté de Pall Jenkins, qui a rangé ses pantoufles et est au mieux de sa forme depuis un bon bout de temps. Puisant dans le meilleur de leurs expériences, sortant de leurs zones de confort, ils poussent plus loin qu'à leurs habitudes et réussissent un très bon disque pour accompagner ce drôle d'automne aoutien.

http://www.myspace.com/threemilepilot

mercredi 30 juin 2010

Wavves - King of the Beach


J'ai vu Wavves s'autodétruire au festival Primavera l'an dernier, et du coup ça m'a bien conforté dans l'idée que c'était un coup de buzz pour rien, que "So Bored", son chouette tube n'était qu'un accident etc. Et puis ça permet de cracher sur des trucs en ayant l'impression d'avoir raison, ce qui est au final très rassurant.

Mais raison je n'avais visiblement pas, vu que "King of the Beach", son deuxième disque, est une petite merveille pop-punk ensoleillée, dans laquelle toutes les critiques (en vrac "imposteur", "lâche", "faux punk") sont désamorcées par une auto-dépréciation omniprésente. Visiblement il se rend bien compte qu'il n'est, en gros, qu'un loser et ça le rend complètement attachant, ralliant ses détracteurs en priorité. C'est très 90s dans l'esprit, entre Nirvana (la dépréciation, mais moins premier degré) et le Greenday des débuts avec une chouette production entre lo et hi-fi et des gros tubes, jouant, à l'ancienne, sur les décalages son clair/saturé et tout ça, malgré ces relents nostalgiques, est assez incroyablement rafraîchissant et nous sort un peu du marasme mou de ces deux dernières années. Super disque de piscine.

jeudi 3 juin 2010

Shugo Tokumaru - Port Entropy

Shugo Tokumaru a sorti Port Entropy, son dernier disque, il y a peu (au Japon). Ça sonne comme un gars avec plein de talent coincé dans un coffre à jouets. Il y a plein de xylophones, de toy pianos, de sifflets en tous genres et ce n'est, il faut le faire remarquer, pas insupportable. Disons qu'au contraire de groupes comme CocoRosie où les jouets servent à masquer la médiocrité de l'ensemble et donner un côté Colette/Elle/"Ouah c'est trooop cute!", ici ils sont utilisés pour servir les morceaux -quitte à justement lever le pied lorsque nécessaire- dans une tradition pop très classique -sauf qu'au japon il y a pas la place pour les orchestres de cordes. L'atmosphère est printanière, ça sonne comme des roulades dans des champs de coquelicots, quelque chose de très onirique, la traversée d'une ville où toutes les machines feraient des petits bruits jolis. Mais encore une fois, ces arrangements ne font pas tout, il y a derrière tout ça de superbes chansons ciselées avec un vrai amour du travail bien fait, un perfectionnisme étourdissant et une vraie recherche quasi-expérimentale, savamment camouflée par les arrangements, qui donne à l'ensemble tout son sens.

Pour preuve, l'incroyable "Rum Hee", morceau bondissant en forme de douce chute libre, juste vertigineux, dont j'ai décidément beaucoup de mal à me remettre:

mercredi 2 juin 2010

Liars @Laiterie

18/05/2010


Je mentirais si je ne disais pas que j'ai été un peu déçu par ce concert des Liars. Pas tant par le concert en lui même que par tout ce que mes copains m'en avaient dit -"c'est des gros malades" / "c'est incroyable" etc. Du coup je m'étais imaginé un truc de malade / incroyable. Et incroyable ce ne fut pas, bien que ce fusse bien.

En première partie, Fol Chen, en uniformes rouges, ont oscillé entre supers morceaux -en gros, ceux avec de la trompette- morceaux pas mal et morceaux pas bien (les slows). Au début je m'étais dit que j'allais acheter leur disque pour voir, mais en fait ils les vendaient à 25 euros ce qui est beaucoup trop cher pour un achat découverte. Donc ouais pas mal.

Liars ensuite, mieux mais presque trop classique. Ils étaient 5, ce qui fait deux de plus que les trois de base, ce qui a permis de jouer sur les niveaux mais qui a aussi un peu nuit à leur set en remplissant les vides et arrondissant les angles. Donc sec ce ne fut pas, leur set a surtout tourné autour de leurs deux derniers disques, dans lesquels il y a de chouettes morceaux-bulldozers et pas trop autour de Drum's Not Dead, dans lequel il y a des morceaux magnifiques qui prennent le temps de se laisser découvrir, et qui auraient bien contrebalancé l'ambiance au final très simplement rock du concert. Alors oui, il y a aussi eu des super morceaux et dans l'ensemble c'était quand même un très bon concert, mais il a manqué cette touche de folie qui a fait de leurs meilleurs disques de véritables chefs-d'œuvres. J'en suis sorti content mais avec la drôle d'impression que de n'avoir vu qu'une ou deux facettes de ce groupe dont la force est justement d'en avoir plein.

Liars: http://www.myspace.com/liarsliarsliars
Fol Chen: http://www.myspace.com/folchen

mardi 1 juin 2010

Trois disques.


Suckers, vite avant que tout le monde m'en dégoute (c'est pour bientôt) . Groupe de Brooklyn, le disque s'appelle Wild Smile. Ça sonne comme rien, ou plutôt comme pleins d'autres trucs en vrac, et pourtant c'est familier comme les bons disques savent l'être. Le chanteur arrive à canaliser les esprits du mec de Arcade Fire (je sais pas si vous avez écouté les deux morceaux sur leur site, mais bon, RIP) de celui de the National, de celui de TV on the Radio, de l'un des deux de Wolf Parade, de David Byrne et de Prince en mode falsetto. Tout seul. Et ce qui est remarquable au final c'est que malgré la liste ci dessus -qui pourrait faire tourner de l'œil le plus marin d'entre nous- ils arrivent à se créer une trajectoire qui leur est propre et, pourquoi pas, à sortir un des très, très rares bons "albums" (format phonographique, XXe siècle) de 2010.

Menomena, ensuite, qui avec Mines, leur quatrième disque si-je-ne-m'abuse, arrivent super bien à continuer là où Pinback piétinent depuis quelques temps déjà (avec pas mal de classe quand même) et à enchainer des super morceaux, dont l'incroyable "Tithe", pour n'en citer qu'un, sachant qu'il y en a d'autres, qui joue avec les vides que les musiciens laissent entre eux, sorte de machine rythmique qui bougerait exactement comme quelque chose de plus organique qu'une machine, avançant inlassablement, accumulant sous ses vérins la terre des expériences passées.

Pour finir, mon chouchou du moment est américain (si!) et officie sous le nom de Wild Nothing. Le disque s'appelle Gemini et c'est sorti sur Captured Tracks, label New-Yorkais du mec de Blank Dogs, dont le très chouette "Under and Under" (2009) s'est fait une confortable place entre mes oreilles. Et donc, Wild Nothing ça sonne beaucoup comme des groupes anglais des années 80 tels que the Cure ou the Smiths, avec des lignes de basses incroyables ("Summer Holiday") et des paroles à tomber par terre ("you've got some charm i must admit/ don't let me wreck myself again"). C'est bourré de mélodies qui se chevauchent pour créer de petites merveilles de chansons d'un romantisme presque désuet, émouvantes, douces, chaudes et amères, comme le début de l'été.

jeudi 20 mai 2010

Deerhoof @Grillen, Colmar

01/05/2010


J'avais vu Deerhoof à l'époque de la sortie de Reveille, et j'en avais gardé un très bon souvenir, une sorte de pop 60s touchée par le syndrome de Tourette, avec des paroles enfantines et un batteur incroyable.

Un certain nombre d'années plus tard, Deerhoof ont affiné leurs compositions, continuant de les étirer dans tous les sens possibles, testant les limites de structures pop classiques. C'est en ça qu'ils réussissent, dans cette capacité à expérimenter tout en restant fondamentalement abordable, allant au final dans le même sens que les Beatles sur l'album blanc, c'est à dire en avant, mais beaucoup plus loin, en prenant comme parti pris de toujours privilégier les mélodies. Et donc, au final, Deerhoof sonne très classique et en même temps comme aucun autre groupe. C'est un groupe qui pourrait etre défini par une série de "Et si... ?", la possibilité d'une dimension parallèle dont eux seuls auraient les clés (ou une "Wrong Time Capsule"), où les années 90 n'auraient jamais existé. Une sorte de post-punk d'une autre dimension, un autre Devo qui serait le même mais pas le même. En gros. Regardez un épisode de Sliders si c'est pas clair.

Et sur scène ils s'amusent sincèrement, posent, empruntant autant aux no-waveux qu'aux groupes de stade, font sourire presque tout le monde, et jouent comme peu d'autres. La base du groupe c'est Greg Saunier, batteur incroyable, qui avec une caisse claire, une grosse caisse et une cymbale fous les boules à, euh, tous les autres batteurs. Son jeu touche au génie, il se dit très influencé par Keith Moon et ça se sent dans le sens où il propulse le reste du groupe en en mettant partout, mais bien. Ce qu'il fait peut paraitre chaotique au premier abord, mais a un sens évident pour lui et pour les autres et au final, pour nous. C'est assez magique et difficilement explicable. Saunier et John Dietrich (guitare) forment un duo de vieux étudiants timides et bourrés de tics, le genre de gars qu'on imagine très bien faire une compète de rubik cube dans un coin pendant que tout le monde est nu dans la piscine. Là dessus déboule de manière assez formidable Satomi Matsuzaki, bassiste bondissante et chanteuse énigmatique qui apporte une touche de fraicheur et des paroles moitié naïves moitié insensées et contribue pour beaucoup à l'identité que le groupe s'est créée au fil des années (voir paragraphe précédent). Le tout est complété par le charisme ensoleillé d'Ed Rodriguez, guitariste-showman souriant, qui semble ne jamais en revenir d'être là (ce qui est également génial), plein de patate et de panache.

Super concert donc, j'ai rarement vu un groupe arriver à autant communiquer son enthousiasme sans tomber dans le spectacle pur (ce qu'il ne faut pas faire. jamais). On se réveille le lendemain en se demandant si on a bien vu ce qu'on a cru avoir vu, ou si nos méninges se sont encore jouées de nous.

Concert organisé par Hiero Colmar.

Deerhoof: http://deerhoof.killrockstars.com

dimanche 2 mai 2010

HEALTH @Trinitaires, Metz

16/04/2010


Sur disque, je n'ai jamais vraiment été complètement conquis par HEALTH, par moment trop obtus pour pouvoir complètement m'accrocher. Leur second disque, Get Color, laissait entrapercevoir (notamment par le biais de l'incroyable "Die Slow", tube bulldozer imparable) une facette plus mélodique, une canalisation de toute cette énergie noise vers des structures plus immédiatement fédératrices -des chansons. Et c'est, en gros, ce que les Californiens ont démontré à Metz ce frais soir d'avril, pour mon plus grand plaisir.

Là où, sur disque au bout d'un moment on peut arriver à se lasser ou à être agacés, sur scène leur musique prend une toute autre dimension, qui joue sur le volume et les fréquences (j'ai rarement eu l'impression "d'entrer" à ce point dans le mix), la performance elle-même ("ah c'est lui qui fait ce son là") et le ressenti physique (ton corps tremble). Ils jouent très fort, le batteur cogne comme un capitaine caverne disco, ils ont un demi camion de pédales et sautillent, le regard trop là ou complètement ailleurs, en appliquant une sorte de formule où le minimalisme (on a l'impression que chaque musicien joue le minimum de notes possible pour que les morceaux tiennent en place) rencontre un travail assez incroyable des textures et du son.

L'entrée en matière a été très brute, presque déstabilisante -ils prennent personne par la main- et les morceaux ont gagné en mélodie au fil du set, court (une petite cinquantaine de minutes) mais complètement bouleversant. Ils ont surtout pioché dans Get Color, faisant monter la tension jusqu'au duo gagnant Die Slow/We Are Water et terminé avec deux nouveaux morceaux, l'un très calme, avec une ligne de basse toute simple mais physiquement incroyable, et "USA Boys", tube en puissance, qui laissent entrevoir une marge de progression vertigineuse.

HEALTH: http://www.myspace.com/healthmusic

mardi 6 avril 2010

LIVE: Why? @Poudrière, Belfort

2/04/2010


Alopecia, l'avant dernier album de Why?, est une véritable merveille, réussissant l'exploit de surpasser le déjà excellent Elephant Eyelash, chef d'œuvre ultra personnel, carrément dérangeant par moments, et pourtant très abordable. On retrouve sur Alopecia cette introspection nue contrastée par des arrangements d'une redoutable efficacité mélodique. Là où ils réussissent leur affaire c'est dans ce mélange des genres complètement digérés, dépassant le simple crossover indie rock/hip-hop, qui ne détonne jamais, le groupe proposant une musique qui leur est propre et sonne au final super naturelle.

Ils fonctionnent un peu comme un Xiu Xiu (avec lesquels ils partagent un certain goût du déballage thérapeutique impudique) en négatif : le chant/flow est monocorde et la musique opte pour une approche plus subtile que le triple surlignage de Jamie Stewart. Et pourtant le fond, la sincérité, l'approche du travail d'écriture sont au final très proches (voir leurs reprises respectives). Le résultat est évidemment moins choquant et plus abordable pour un auditeur peu attentif (il n'y a personne qui hurle) mais étourdissant pour peu que l'on se donne la peine de s'intéresser de près à ce qui se dit. C'est très sombre, chaque morceau fonctionnant comme une vignette super détaillée, rendue avec un souci d'authenticité assez hallucinant, où rien ne semble être ni magnifié, ni -et c'est ce qui rend les chansons si dérangeantes- omis (Jerking off in an art museum John until my dick hurts / The kind of shit I won't admit to my head shrinker). L'ambiance est au dénigrement, le regard porté par Yoni Wolf sur lui même est impitoyable et le résultat saisissant.

Tout ça pour dire que Why? est, à mon sens, l'un des grands groupes de ce début de siècle. Et je suis allé les voir à Belfort. C'était loin, il faisait nuit et il pleuvait. Et c'était super.

J'ai plus ou moins volontairement loupé les deux premières parties (dont Josiah Wolf, le frère Yoni, batteur/xylophoniste incroyable dans Why? et auteur d'un disque solo très moyen sorti il y a peu) et suis donc entré dans le vif du sujet, comme le groupe, qui a commencé très fort avec un These Few Presidents redoutable. Le son était impeccable et les musiciens vraiment excellents (basse/guitare/batterie/claviers/chant), ça faisait un moment que j'avais pas eu cette sensation de voir un groupe "pro", autant au niveau de la performance que du son. Ils ont pioché assez généreusement dans Alopecia et Elephant Eyelash et gardé les bons morceaux d'Eskimo Snow, leur dernier disque, plutôt décevant, constitué de morceaux plus pop, quasiment tous chantés, enregistrés lors des sessions d'Alopecia. Ils sont revenus pour un rappel de haut niveau ("The Hollows", génial) et nous ont laissé rentrer chez nous contents et définitivement conquis. Excellent concert.

Why?: http://www.myspace.com/whyanticon

samedi 3 avril 2010

LIVE: Mount Eerie + No Kids @Grillen, Colmar

1/04/2010


J'adore les Microphones, The Glow pt. 2 est un des mes disques préférés, complexe dans son innocence, entre roman initiatique et histoire d'enfant sauvage. Ça fait un moment déjà que Phil Elvrum a laissé tomber le nom de Microphones pour s'appeler Mount Eerie, du nom d'une montagne du nord est des Etats Unis, de par chez lui. Et ce changement de nom a également marqué un changement dans sa musique, plus austère, moins ambitieuse dans ses arrangements, du moins jusqu'à son tout dernier disque, Wind's Poem, qui est, comme son nom l'indique une sorte d'ode au vent, dans lequel on retrouve cet incroyable son de batterie, unique et reconnaissable entre mille, lo-fi mais pas brouillon, qui servait de catalyseur dans les Microphones et qui ici est, tout simplement, tempête.

Et donc je suis allé voir Mount Eerie à Colmar, en bonne compagnie. Et c'était pas mal.

Mais avant tout, histoire de faire les choses dans l'ordre, il convient de parler de No Kids. Je ne connaissais que de nom (et j'ai écouté depuis et c'est vachement moins bien sur disque) et j'ai été très agréablement surpris. Pas de claque hein mais un charme désuet assez saisissant. En gros, ils sonnent un peu comme Wham!, sans les tubes. Trois claviers, batterie, lunettes à larges bords, chemise dans le jean, boutonnée presque jusque en haut. C'est super léger mais touchant, ils se tiennent à ce parti pris de départ (pop 80s canal historique) et le font assez bien. Il y a eu des moments de flottement, des morceaux un peu bancals, mais le coté homo de banlieue en mal d'amour qui a passé toute son adolescence à écouter George Michael et les Smiths dans sa cave est vraiment chouette. Bonne surprise.

Et après donc, Mount Eerie. Deux batteries, le mec et une des filles de No Kids aux claviers et Phil Elvrum, un peu empâté avec quand même toujours ce côté Peter Pan, à la guitare et au chant. Wind's Poem a été enregistré après un long séjour en Norvège, ou Elvrum a découvert les jours de nuit d'hiver, le vent (apparemment) et le black métal. Alors après c'est du black métal light hein. En gros il reprend les batteries doublées de The Glow pt 2 et ajoute des riffs plus lourds et des nappes de synthés qui font très Twin Peaks (influence No Kids). Ça fonctionne assez bien, le son est bon et j'ai pris du plaisir, souriant aux envolées épiques de ce mec en tongs/chaussettes (il y avait aussi un côté presque zen dans tout ça, et je dis pas ça qu'à cause des tongs/chaussettes). Concert sympathique qui aurait été vachement mieux avec des morceaux des Microphones, parce qu'au final, même si le disque est bon et même si le concert a été réussi, ça reste un exercice de style, un concept album, déconnecté de l'intimité qui faisait de ses premiers disques des oeuvres paradoxalement bien plus universelles. C'est un peu ce que je reproche à Mount Eerie, ce côté pas-de-côté qui disqualifie d'emblée toute possibilité de mieux qu'avant. En espérant me faire contredire.

Concert organisé par Hiero Colmar, dans le cadre de la session de printemps du festival Supersounds.

Mount Eerie: http://www.pwelverumandsun.com
No Kids: http://www.myspace.com/nokidsband

dimanche 21 mars 2010

LIVE: Jan-Mar 2010

Début d'année pas vraiment marquant niveau concerts.

Patton à Stimultania, super arrangements mais le côté acoustique reste un tantinet frustrant. C'est pas vraiment leur faute mais après Berg Sans Nipple, Au et NFL3 je commence à me lasser du coté on est deux (max trois) et on joue de cinq instruments en même temps.

Estatic Sunshine à Stimultania c'était pas très bien.

Railcars à Stimultania c'était plus brut mais presque trop finalement, musicalement c'est synth pop à la Cars/Handsome Furs sauf que le chanteur ne sait pas du tout chanter. Dommage.

François and the Atlas Mountains à Colmar, c'était afro-pop et mis à part un percussionniste assez fun à regarder c'était quand même super prétentieux.

Girls à la Laiterie c'était mou du genou, ambiance on joue à votre mariage, le bassiste plombe tout en jouant plein de notes comme sur de la mauvaise variété. A un moment ils ont fait du bruit ("au fait, c'est un concert") et puis voilà.

J'aurais probablement plus de choses à dire des prochains concerts, le printemps s'annonce super bien, avec Mount Eerie, Why?, Health, Liars, Deerhoof et Xiu Xiu pas (trop) loin.

jeudi 7 janvier 2010

LIVE: Scout Niblett @Laiterie

01/12/2009


On se laisse déborder et voilà. Je suis allé voir Scout Niblett moyen motivé, un concert d'elle vu il y a quelques années ne m'ayant pas vraiment convaincu. Et au final j'en suis ressorti conquis et content. Il faut dire qu'après le faux clodo des Castanets et le faux psychopathe d'Oxbow (grosse déception et très bel exemple de tir dans le pied, bravo les gars) Scout Niblett arrivait en terrain favorable. Donc, en gros, elle est folle genre je m'habille en vêtements de petite fille (troués) et je ricane avec le regard tout fixe comme les enfants dans les films d'horreur et je mets tout le monde mal à l'aise, sauf les mecs bizarre qui trouvent ça mignon. Le concert était chouette justement parce que, pour le coup, elle, elle fait pas semblant. Mais pas que, évidemment, autrement on irait voir jouer certains de nos amis plus souvent. Les morceaux, pour la plupart nouveaux, étaient réussis, toujours Cat Power première période, avec des riffs plus lourds. Et avec un chant parfois hyper strident là ou Chan Marshall se la joue crooneuse. Et il y a toujours les morceaux où elle joue toute seule à la batterie, un cran au dessus au niveau du malaise, les gens rigolent comme si c'était un concert de Kimya Dawson sauf que non, que c'est pas pour de rire. Je suis sorti de là content mais interloqué, me demandant pourquoi j'avais pas aimé la fois d'avant.

Et voilà. Les concerts de janvier et février seront à Stimultania, organisés par Komakino. Il y a the XX fin février à la Laiterie aussi (oui grosse hype mais vraiment, vraiment, le disque est super, à écouter au casque en faisant attention aux paroles).