jeudi 4 juin 2009

LIVE : Au + Berg Sans Nipple, Stimultania

3/06/2009



Deux concerts de pop expérimentale, deux duos batterie/clavier hier soir à Stimultania.

Tout d'abord Au (hey you) qui ne m'ont pas laissé une très bonne impression, ça joue très bien mais leurs morceaux manquent de concision, ça grandiloque, ça déborde, ça s'étale et s'éparpille. On hoche la tête de temps en temps mais hop ce passage est déjà fini et on enchaine avec le cinquième pont. Bof.

Berg Sans Nipple continuent dans la même veine, avec une persévérance assez impressionnante (la dernière fois que je les ai vus c'était en 2003 je crois), ils tracent un chemin entre pop, dub et expérimentations sonores mais réussissent à garder une vraie cohésion et une efficacité redoutable. Ils arrivent à se ménager une marge de manoeuvre entre les boucles et gardent une elasticité, un dynamisme qui fait toute la différence. Chouette concert.

Concert organisé par Komakino à Stimultania.

mercredi 3 juin 2009

LIVE: Primavera Sound Festival, Barcelone

27-30/05/2009


MERCREDI

Avant le vrai début des hostilités je suis retourné voir The Intelligence au Side-Car, boite garage en plein centre. C’était toujours bien, supers morceaux et chouette performance. Début un peu chaotique (succession de morceaux hyper courts, difficile de rentrer dans le set) mais une fois le quatrième morceau commencé ça a été parti. Le chanteur a toujours un très gros charisme Mark E Smithien, assez cynique mais plus fun quand même.
JEUDI

C’est parti. Le festival Primavera Sound c’est : 3 jours au Forum de Barcelone (ça déborde avant et après), espace public en dur, architecture en vrille. Super programmation, une organisation impec, une très bonne utilisation de l’espace qui fait qu’on a au final très peu l’impression d’être à un festival. On voit des groupes et on se balade avec des bières entre. Tant qu’il y en a. Et aussi, il y a Barcelone.

Women ont donné un très bon concert, bien meilleur que ce à quoi je m’attendais après l’écoute de leur disque (rock sec, mais pas casse-brique), très noisy et énergique. Bonne surprise qui laisse présager de bonnes choses pour leur second LP.

Je suis passé jeter une oreille à Magik Markers (disques sympas de rock noisy chez drag city) et c’était catastrophique.

Lightning Bolt –vrai moment de grâce, pas forcément celle à laquelle on s’attendait. Le groupe a joué sur scène, en plein soleil (chaud sous la cagoule), ça doit pas arriver souvent mais ça a le mérite de permettre de regarder (ça va vite) sans forcément se taper les cons qui s’énervent. Ca groove méchamment et l’enthousiasme et l’énergie du groupe ont été contagieux, leur set faisant l’effet d’un shoot d’adrénaline en début de soirée. Premier excellent concert du festival.

The Jesus Lizard ont donné le second meilleur concert de la soirée (et peut être du festival). David Yow est toujours aussi (encore plus ?) en colère qu’il y a 20 ans. Il a donné une certaine idée de la classe ce soir, torse nu, jean délavé, sueur sur muscle et beer belly. Energie qui fait plaisir à entendre et à voir, le groupe joue super bien et la présence malfaisante de Yow (qui continue de se jeter sur le premier spectateur venu) ont fait de ce concert un des meilleurs moments du festival.

Ca fait bizarre d’enchainer Jesus Lizard et Phoenix. J’entretiens une relation ambivalente avec Phoenix depuis l’écoute de leur dernier disque - Wolfgang Amadeus Phoenix (hum) : le disque est super mais j’ai de violentes envies de les gifler. En concert ils naviguent entre vrais chouettes moments (les nouveaux morceaux) et égarements vaniteux, pompeux et/ou balloches.

Passons aux choses sérieuses. My Bloody Valentine. Concert avec son énorme, parfois un peu fouillis (joies du concert en plein air), parfois impeccable. On décide de les revoir le lendemain à l’auditorium pendant le chaos final.

Aphex Twin, ouah. On est très loin de l’expérience qu’est (était ?) censée être un concert de Aphex Twin. Tout plat, pas bien.

Wavves a été pathétique, ils ont assez magistralement confirmé que oui, ils étaient bel et bien l’arnaque que l’on pensait. Trois minutes de balances pour demander plus de voix, de guitare ou moins de batterie pour faire juste n’importe quoi. Il semblait improviser à moitié et j’ai eu la désagréable impression de voir un groupe de lycée saoul (ils étaient deux). Même « So Bored », le morceau qui a poussé les gens présents à venir jeter une oreille (pour cause, c’est le seul de bien) a été massacré. Belle dégringolade.

Squarepusher m’a fait de la peine.

VENDREDI

Comme on est des gros malades (mais qu’on se dit qu’on n’est pas les seuls) on se lève tôt pour récupérer des places pour revoir My Bloody Valentine à l’auditorium (capacité : 3000 places), on arrive tôt et on se rend compte qu’on est vraiment des gros malades, vu qu’il n’y a personne. On trouve quelqu’un qui nous dit de revenir à 16h. Après une courte sieste on revient, on récupère les tickets de réservation pour le concert et on se détend au soleil avec des bières (la mer en fond). Cadre incroyable.

La journée a commencé tout doucement. Magnolia Electric Co nous ont resservi le même rock crazy horsien qu’à l’accoutumée, rien de bien intéressant malgré leur dernier 45t qui semblait indiquer un léger changement. Du coup on est allés jeter une oreille à Bat for Lashes, comme sur disque avec moins de basses. Très chiant et pas percutant du tout. On continue notre tour et on va voir Sleepy Sun, rock californien à plein sur scène, canal historique, rien de neuf à l’horizon. On finit devant les Vivian Girls pour deux tiers de set réussis, son étoffé et nouveaux morceaux qui annoncent un chouette deuxième disque. Pas midinettes pour un sou, elles s’amusent beaucoup et font plaisir à voir.

Après on va faire la queue pour avoir une bonne place pour MBV. Du coup on entend The Pains of Being Pure at Heart de loin (super son) et d’après ce qu’on m’en a dit c’était bien. On entre dans l’auditorium on trouve une chouette place et après on attend -3000 personnes qui entrent au compte goutte c’est long. Le concert finit par commencer –tous classe lui a perdu ses kilos en trop depuis Primal Scream et elle est arrivée en robe blanche, très jolie- et c’est probablement une des expériences musicales les plus troublantes et éprouvantes qu’il m’ait été donné de vivre jusque là. Le son était meilleur que le soir précédent mais aussi encore plus fort. On distinguait mieux les mélodies, tout semblait plus net, plus percutant aussi. Le clou du spectacle (les deux soirs mais encore plus le deuxième) fut le traditionnel quart d’heure de bruit blanc au beau milieu de « You Made Me Realize » séance de massage des organes internes, corps engourdi par les vibrations. Le groupe repart ensemble après un regard de Kevin Shields pour finir le morceau et nous laisser complètement lessivés et hagards.

On sort de là et on fait le point : on a loupé The Pains of Being Pure at Heart, Art Brut et Sunn O))) et d’après ce qu’on entend le début de The Mae Shi. On se dépêche comme on peut et on va voir la fin de leur concert que j’aurais vraiment aimé voir en entier, grosse pêche, ambiance de malade, super son et très bon choix de morceaux.

Après il faut choisir entre Fucked Up + Shellac et Dan Deacon (qui joue moitié pendant l’un moitié pendant l’autre). J’ai déjà vu Shellac, j’aimerais bien voir Fucked Up mais le concert de Dan Deacon ce soir avec le Dan Deacon Ensemble -13 musiciens- fait drôlement envie, surtout qu’on ne sait pas si on pourra le revoir sous cette formation. Le concert a été une impressionnante retranscription analogique de ces morceaux –crescendos dance-pop qui semblent ne jamais s’arrêter de monter, continuant sur un terrain qui semble presque vierge, très rarement foulé. Deacon a tenté d’inclure le public, descendant dans la fosse à plusieurs reprise pour leur demander –dans l’ordre de faire un dance circle, de suivre les mouvements d’un de ses potes déguisé en fraise et de faire un love tunnel jusqu’au bout de la « salle ». Rien n’a marché –trop de monde et surtout musique décidemment trop excitante, difficile de se conformer à un cadre lorsque le son envoyé est si enivrant. Enorme concert.

Je file voir la fin de Shellac et retrouver des copains, le son semblait assez léger –surtout comparé à la quasi-totalité des groupes du festival- et on m’a dit que c’était super mais pareil que la dernière fois, qui était pareille que la fois d’avant.

On enchaine vers A Certain Ratio qui nous servent une soupe funk très claire. On finit par se balader –plus grand-chose à voir (la prog a été de manière générale assez légère en fin de soirée lors de cette édition), on tombe devant Bloc Party et on passe notre chemin. Et on se rentre.

SAMEDI

Tout commence au Parc Joan Miro avec Crystal Stilts qui ont joué leur pop sombre de coin de bloc mal famé sous le soleil et les palmiers, devant des gens attablés avec bières. Peinards. Chouette concert, nouveaux morceaux prometteurs. Après il y avait Sleepy Sun à nouveau qui ont fait exactement les même 2 premières minutes de concert, après je sais pas on était plus là.

On file voir Ariel Pink & the Haunted Graffiti dès notre arrivée sur le site. Ca commence vraiment mal, sous-morceaux 60s –au final assez loin des élans 70s des disques- et ça se termine un peu mieux. Lui est fou comme une belette et ressemble à un croisement de Cafard et de Gollum, en robe avec rouge à lèvres et eyeliner, sourire étrange constamment fixé au visage. La fin du set a donc été plus réussie, enchainant un « Can’t Hear My Eyes » parfait avec un « Are You Going to Look After My Boys » avec les Vivian Girls en choristes (qui est à ce jour toujours en train de tourner en boucle dans ma tête), suivis par un « Rama Ya » où tout ce petit monde a semblé vraiment s’amuser.

Après on est allés voir Jesu. Formation basse/guitare/ordi. Ca a commencé assez mal, premier morceau au son très léger mais les choses sont rentrées dans l’ordre dès le second. Super concert, j’aimerais bien voir ce que ça donnerait avec plus de monde (deuxième guitare et batterie). Etrange de les voir sous le soleil (il est très pâlot le Justin) mais c’était génial d’entendre ces morceaux en grand.

Et après il n’y a eu que Neil Young. Et rien d’autre pendant. On jette une oreille, son assez incroyable compte tenu de la taille de la scène, chouette setlist.

On file voir Oneida et j’ai pour ma part eu l’impression d’avoir été brutalisé. Son énorme, très fort et très percutant, grosse première moitié de set krautrock, il fallait suivre, puis ils ont enchainé avec un morceau rock dévastateur et un morceau brutalement autiste. Des gros malades. Super concert.

Ensuite il y a eu LE choix à faire du festival. Jusque là ça avait été plutôt facile. Là il fallait choisir entre Liars et Deerhunter. Je n’avais jamais vu ni les uns ni les autres et, bien que je n’aie pas hésité longtemps, j’aurais peut-être dû.

Je suis donc allé voir Deerhunter qui ont joué devant un nombre de personne assez incroyable. Le public espagnol est en règle générale assez génial. Sauf quand ils se décident à chanter en chœur et à taper les rythmes dans les mains, ce qui pourrait sembler être incompatible avec un concert de Deerhunter. J’ai passé un moment du concert à me demander ce qui se passait –jusqu’au moment où j’ai réalisé que j’avais l’impression d’être à un concert d’Arcade Fire ou de Radiohead. Ils donnaient leur premier (et dernier ?) concert de stade. Et pas de chance, j’étais là. J’aimerais vraiment les voir dans d’autres conditions –celles-ci étant, compte tenu de la relative confidentialité du groupe, complètement exceptionnelles.

J’ai filé à contre courant –tout le monde allant voir Sonic Youth sur la grande scène (déjà vus et, bon, ça va)- pour voir ce que Gang Gang Dance allait bien pouvoir nous faire. Dès le premier morceau j’ai senti que les choses se passeraient bien. Ils ont commencé avec « Vacuum », long crescendo shoegazing avec rafales mesurées de percussions. Ils ont enchainé vieux et nouveau morceaux, n’oubliant heureusement pas de jouer « House Jam ». Un des meilleurs concerts que j’aie vu au festival – répondant à mes attentes, c’est déjà ça- qui aurait pu être un chouette moyen de rebondir pour la seconde partie de la nuit s’il y avait eu de chouettes choses à voir (pas).

Ensuite fin de Sonic Youth, son assez incroyable, beaucoup de monde. Après on a essayé les têtes d’affiches électro de la soirée, DJ/Rupture insupportable et Simian Mobile Disco assez plat. Comme il n’y avait plus de bière (rupture de bière un samedi dès 2h ça le fait moyen pour un festival) et que les voir sobre n’aurait probablement pas été une bonne idée, on n’est pas allé voir les Black Lips et on est rentrés.

DIMANCHE

Retour au Parc Miro pour trois derniers concerts chill-out en après midi. Le one-man show de Karl Blau n’a pas été très convainquant, le concert de Plants & Animals l’a été un peu plus. Ils ont un gros tube sur leur premier disque, qui est un peu entre deux eaux, et de bons nouveaux morceaux. Concert agréable pour la fin de festival.

Après, Kimya Dawson nous a refait son truc antifolk à la con ambiance j’aime les ours woof woof. Pas mal de monde cela dit.

Et voilà. RDV pris pour l’an prochain en espérant qu’ils prévoient plus de bière et de meilleurs trucs en fin de soirée.

BILAN

Meilleurs concerts : My Bloody Valentine / Dan Deacon Ensemble / Jesus Lizard / Gang Gang Dance / Lightning Bolt

Concerts manqués : Liars / The Mae Shi / Jay Reatard / The Pains of Being Pure at Heart / Fucked Up