dimanche 10 octobre 2010

Twin Shadow - Forget


C'est un disque que beaucoup de monde va aimer détester. Certains vont dire beurk 80s dansant / tout le monde fait ça maintenant / ZZzzZzZzzzZZ, d'autres vont juste être très, très jaloux. Parce que oui le disque est très 80s / Morrissey / post-disco / on-danse-seuls-en-se-serrant-dans-ses-propres-bras mais il est d'une cohésion et d'une qualité générale juste exceptionnelles. C'est pas trois bons single et des morceaux enregistrés super vite derrière, il y a un vrai souci de l'écriture, un sérieux qui impressionne et émeut. Parce que c'est surtout ça qui importe, ce qui se passe après le hochement de tête, une fois la sueur séchée. Et des choses il s'en passe, plein : regrets, introspection brute et féroce, l'impossibilité amoureuse ("i don't wanna/be/believe/in love"), les garçons, etc. George Lewis Jr (Twin Shadow) est over-the-top dans l'émotion plus que dans le son et les morceaux sont irrésistibles pour peu que l'on soit sensible aux refrains imparables et aux lignes de basses étourdissantes (ou l'inverse). Ce premier disque de Twin Shadow est un objet au final très rare, servi par une production impeccable qui joue justement sur ces deux tableaux; c'est un disque à la fois dansant, intime et complètement émouvant, qui accompagne aussi bien l'oubli de soi de la piste de danse que les dents serrées du lendemain.

Twin Shadow: http://twinshadow.net

vendredi 1 octobre 2010

Women - Public Strain


A y est, c'est l'automne. J'ai ce disque de Women dans un coin depuis quelques mois et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il prend tout son sens, soit quelques jours après sa sortie. Les dates de sorties gardent donc une certaine importance contextuelle. Des fois le hasard fait bien les choses (le Wavves au début de l'été plutôt qu'à la fin, le Shugo Tokumaru pile pour le printemps), mais des fois non - c'est chouette toute cette musique en libre circulation frauduleuse mais au final, outre leurs revenus, on prive quand même les artistes d'un élément décisif (qui dépend néanmoins plus ou moins de leur ressort) : quand les gens vont entendre le disque.

Et là je vois mal les gars de Women s'être dit que Public Strain -leur second disque- pourrait sortir en plein été, moment où il a atterrit sur mon disque dur, tellement ce disque sonne fait pour être écouté dans la fraicheur grise de l'automne. Oui j'arrête pas de parler des saisons et du temps, mais oui c'est primordial.

Et le disque est super. Entre pop 60s des bas-fonds et minimalisme sec, quelque part entre un Deerhunter plus menaçant et les Liars de Drum's Not Dead pour parler valeurs contemporaines, il règne une sorte de tranquillité dévastée mais majestueuse, tout est en place et ce qui pourrait vraiment desservir le disque -le fait que les morceaux prennent tout le temps qu'il leur faut pour s'épanouir - fait au contraire sa force. Lorsque les sommets sont atteints on a les vertèbres qui vibrent comme pas très souvent, en chœur avec les tripes. La fin du disque est particulièrement exceptionnelle, avec plein de demi-tours mélodiques qui font hocher les têtes et une maitrise du passage au refrain -ce quart de seconde avant l'arrivée de la cavalerie- qui marche à tous les coups. Une belle réussite.

Women: http://www.myspace.com/womenmusic