mercredi 25 février 2009

2008 : Gang Gang Dance - Saint Dymphna


Mon premier souvenir de Gang Gang Dance est un set complètement débridé, incompréhensible et vraiment pas loin d’être pénible une nuit de fin de printemps au festival Primavera. Maquillés et gesticulant sur une musique qu’ils semblaient être les seuls à comprendre (bien que le public espagnol soit assez impressionnant niveau ouverture d’esprit), la chanteuse n’en finissant plus de faire n’importe quoi. J’ai regardé en entier cela dit, abruti, attendant patiemment la suite.
Plutôt rancunier (bien que de bonne volonté), c’est néanmoins avec plaisir que je me suis plongé dans Saint Dymphna, après avoir prudemment gouté l’eau du bout du pied.
On parle souvent d’Animal Collective lorsqu’on parle de Gang Gang Dance, la plupart du temps par paresse mais, pour une fois, la comparaison est appropriée sur pas mal de points. Les deux groupes suivent une trajectoire globale assez similaire, laissant les expérimentations les guider pour finir, dans le cas de leurs derniers albums respectifs, à une musique pop que l’on qualifierait volontiers, bien qu’à tort, d’accidentelle tellement elle est peu conventionnelle. Les deux groupes partagent également un goût certain pour la world music (qui dans le cas de Gang Gang Dance peut être une sorte de réinterprétation de la non-vague No Wave du début des années 80), ayant la bonne idée de donner vie à leurs morceaux en leur glissant rythmes syncopés et chants tribaux sous la peau.
Les différences maintenant. Frère caché du très ensoleillé Merriweather Post Pavilion, Saint Dymphna est habîté par une impressionante fougue expérimentale. On se retrouve avec un magma pop avant-gardiste excitant mêlant influences pop, noise, world, dance et hip hop, le tout avec une atmosphère très urbaine, plus dure et froide que celle de leurs compatriotes.
La vraie réussite du disque se situe dans l’équilibre que le groupe arrive à trouver entre expérimentation et structures pop, réussissant à préserver une délicieuse instabilité, goûtant à tout avec une gourmandise d’enfant qui ne se refuse rien.
Super album, à la fois déconcertant et excitant, qu'on ne se lasse pas d'explorer.

jeudi 19 février 2009

LIVE : Crystal Antlers, Laiterie

19/02/09



Les californiens ont bien joué mais ont eu la mauvaise idée de s’arrêter après une demi-heure de concert alors qu’on commençait à vraiment bien s’amuser. Probablement pas de leur faute (quatre groupes ce soir là à la Laiterie et probablement pas grand monde venu pour les voir eux) mais très frustrant tout de même.
La qualité était pourtant présente, ils ont joué quasiment tout leur EP et deux nouveaux morceaux extraits de leur album à paraître en avril chez Touch & Go (une des ultimes sorties du label avant sa fermeture), psyché et punk, impressionnants de fougue et de maitrise. Le chanteur/bassiste fait mal à voir, la voix constamment déchirée, tous semblent habités par leurs morceaux, les portant autant qu'ils les laissent les porter.

samedi 14 février 2009

LIVE : The Walkmen, Poudrière

13/02/2009



J'ai une liste secrète de groupes que j'adorerais voir et les Walkmen y figuraient très haut. On pose les choses clairement : je suis un très gros fan du groupe.
Ce qui explique que, malgré un certain nombre d'éléments qui auraient pu me voir sortir déçu du concert il n'en a rien été. La longueur du set (trois quarts d'heure) et un côté très décousu, pas d'enchainements, pas vraiment l'impression qu'il y ait eu, justement, un set défini. Une certaine nonchalance aussi, naturellement présente chez eux mais ici accentuée par les conditions -jouer en milieu de soirée avec des groupes n'ayant pas grand chose à voir, à Belfort, en hiver et devant pas des masses de monde.
Il n'empêche que je suis sorti de là super content. De les avoir vus, tout simplement, mais aussi parce que la qualité de leur set a complètement effacé les éléments sus-cités. Hamilton Leithauser, d'un charisme fou, a tout donné au chant, méritant pleinement le titre officieux de meilleur chanteur actuel que nombre de groupes outre-Atlantique n'hésitent pas un instant à lui décerner.
Outre un nouveau morceau un brin timide, le groupe a pioché dans tout son répertoire, passant d'un « Look Out the Window » au charme délicieux aux monuments imparables que sont « In the New Year » et « Thinking of a Dream ». Les Walkmen, loin d'avoir livré un concert parfait, ont néanmoins réussi, grâce à la qualité de leurs compositions et à un plaisir palpable de les jouer, à nous enchanter avec leurs chansons sans âge, uniques décoctions d'urgence punk et de nonchalance 50s. Vivement la prochaine fois.

NB: Concert programmé dans le cadre du festival Generiq (http://www.generiq-festival.com/)

Discographie :


Everyone Who Pretended to Like Me Is Gone (2002)
Bows & Arrows (2004)
A Hundred Miles Off (2006)
You & Me (2008)

http://www.thewalkmen.com/
www.myspace.com/thewalkmen

vendredi 13 février 2009

LIVE : Vivian Girls, Laiterie

11/02/2009



Au mieux, je m’attendais à ce qu’elles jouent bien leur album. Au pire qu’elles le jouent mal. La surprise est venue d’ailleurs : elles ont joué beaucoup de nouveaux morceaux (elles filent enregistrer leur deuxième album une fois cette tournée européenne terminée) très réussis, plus sombres que ceux présents sur leur premier album.
Les trois jeunes femmes ont enchainé les morceaux, diamants pop bruts de décoffrage, avec solos sur trois notes comme il faut. Leur sensibilité alliée à une sincérité évidente, débordant le cadre de leurs chansons pop grimées en punk, les place au dessus de nombre de leurs contemporains.
Au fil de ce concert épatant, les Vivian Girls nous ont emballé avec un aplomb impressionnant et un vrai plaisir de jouer ces morceaux pop enfouis sous une esthétique sonore lo-fi de bon ton outre-Atlantique en ce moment (voir aussi : Times New Viking, Wavves et le label Slumberland). Une réussite enthousiasmante.

Discographie :


Vivian Girls (2008)

http://www.viviangirls.net/
www.myspace.com/viviangirls

jeudi 12 février 2009

LIVE : Matt Elliott, Stimultania

21/11/2008


Matt Elliott a été bien décevant sous ses nouveaux habits de chanteur à message. Jusque là Matt Elliott c’étaient des morceaux avec des fantômes autour, un truc viscéral et hantant, rempli de chœurs et de lamentations (voir les deux majestueux premiers albums sous son nom) et là il nous gâche tout en sortant une anthologie de messages anarcho-adolescents tels que l’embarrassant premier morceau joué ce soir là, mettant en musique un message gravé au compas sur pas mal de tables de collèges de France : « Sarko enculé » (oui, en français).
On est très, mais alors très loin de la finesse des sentiments partagés sur ses deux premiers disques et lors des tournées suivantes. Il ne joua quasiment que des morceaux extraits de ses deux derniers albums, « Failing Songs » et « Howling Songs », pas vraiment ses meilleurs, beaucoup de pamphlets primaires sans grande profondeur, oubliant les sous-entendus, les laisser-entendre de ses premiers morceaux. Pas beaucoup de subtilité, d’intelligence ou même de courage à appeler les auditeurs à prendre un fusil et tuer des banquiers (sans rire). Le parti pris intimiste de ses premiers disques, les suggestions voilées, les confidences, même cachées sous des couches de son étaient bien plus touchantes, sincères et justes.
En privilégiant son dégoût du capitalisme, des banquiers et du reste à l’intimité, Matt Elliott, en rase-motte, n’arrive à atteindre que la profondeur de la rébellion adolescente. Ses morceaux, d’ordinaire de fragiles architectures de guitares et de chœurs ont perdu une grande partie de leur charme, de la magie qui faisait de ses concerts des expériences viscérales et quasi-mystiques. Les fantômes ne furent pas convoqués ce soir, et la belle noirceur des morceaux de Matt Elliott s’est vue lâchement plaquer au sol par des chansons tristement rebelles.

NB : Concert organisé par Komakino à Stimultania (très belle expo de Naohiro Ninomiya). Matt Elliott devrait revêtir pour un prochain disque les vieux habits enfumés de Third Eye Foundation.

Discographie :

The Mess We Made (2003)
Drinking Songs (2005)
Failing Songs (2006)
Howling Songs (2008)

http://www.thirdeyefoundation.com/

mercredi 11 février 2009

LIVE : A Place to Bury Strangers, Laiterie

13/11/2008


Après un léger moment d’hésitation, une impression de manque de cohésion lors des premiers morceaux, la machine s’est mise en marche et, même si elle n’a pas réussi à atteindre le niveau de précision de leur album, A Place to Bury Strangers nous a gratifiés d’un très bon concert.
Abrasifs, noisy en verve (ils fabriquent leurs propres pédales d'effets), leur musique calée entre shoegaze, noise et punk, met à execution en live les menaces ressenties sur disque. Les morceaux sont réussis, quelques fois malmenés par cette surenchère dans la violence sonore, mais la plupart du temps les mélodies surnagent tandis que le chant se faufile entre les fréquences.
Cerises sur le tas de ferraille, leur set s’est achevé avec deux impressionnants déluges sonores sous stroboscopes (notamment un « Ocean » terrassant), valant à eux seuls le déplacement. Les deux guitares d'Oliver Ackermann n'en sont pas sorties indemnes et nos oreilles non plus.

Discographie :


A Place to Bury Strangers (2007)

A Place to Bury Strangers :
http://www.aplacetoburystrangers.com/
www.myspace.com/aplacetoburystrangers

Death by Audio :
http://www.deathbyaudio.net/
www.myspace.com/deathbyaudioshows