mercredi 30 juin 2010

Wavves - King of the Beach


J'ai vu Wavves s'autodétruire au festival Primavera l'an dernier, et du coup ça m'a bien conforté dans l'idée que c'était un coup de buzz pour rien, que "So Bored", son chouette tube n'était qu'un accident etc. Et puis ça permet de cracher sur des trucs en ayant l'impression d'avoir raison, ce qui est au final très rassurant.

Mais raison je n'avais visiblement pas, vu que "King of the Beach", son deuxième disque, est une petite merveille pop-punk ensoleillée, dans laquelle toutes les critiques (en vrac "imposteur", "lâche", "faux punk") sont désamorcées par une auto-dépréciation omniprésente. Visiblement il se rend bien compte qu'il n'est, en gros, qu'un loser et ça le rend complètement attachant, ralliant ses détracteurs en priorité. C'est très 90s dans l'esprit, entre Nirvana (la dépréciation, mais moins premier degré) et le Greenday des débuts avec une chouette production entre lo et hi-fi et des gros tubes, jouant, à l'ancienne, sur les décalages son clair/saturé et tout ça, malgré ces relents nostalgiques, est assez incroyablement rafraîchissant et nous sort un peu du marasme mou de ces deux dernières années. Super disque de piscine.

jeudi 3 juin 2010

Shugo Tokumaru - Port Entropy

Shugo Tokumaru a sorti Port Entropy, son dernier disque, il y a peu (au Japon). Ça sonne comme un gars avec plein de talent coincé dans un coffre à jouets. Il y a plein de xylophones, de toy pianos, de sifflets en tous genres et ce n'est, il faut le faire remarquer, pas insupportable. Disons qu'au contraire de groupes comme CocoRosie où les jouets servent à masquer la médiocrité de l'ensemble et donner un côté Colette/Elle/"Ouah c'est trooop cute!", ici ils sont utilisés pour servir les morceaux -quitte à justement lever le pied lorsque nécessaire- dans une tradition pop très classique -sauf qu'au japon il y a pas la place pour les orchestres de cordes. L'atmosphère est printanière, ça sonne comme des roulades dans des champs de coquelicots, quelque chose de très onirique, la traversée d'une ville où toutes les machines feraient des petits bruits jolis. Mais encore une fois, ces arrangements ne font pas tout, il y a derrière tout ça de superbes chansons ciselées avec un vrai amour du travail bien fait, un perfectionnisme étourdissant et une vraie recherche quasi-expérimentale, savamment camouflée par les arrangements, qui donne à l'ensemble tout son sens.

Pour preuve, l'incroyable "Rum Hee", morceau bondissant en forme de douce chute libre, juste vertigineux, dont j'ai décidément beaucoup de mal à me remettre:

mercredi 2 juin 2010

Liars @Laiterie

18/05/2010


Je mentirais si je ne disais pas que j'ai été un peu déçu par ce concert des Liars. Pas tant par le concert en lui même que par tout ce que mes copains m'en avaient dit -"c'est des gros malades" / "c'est incroyable" etc. Du coup je m'étais imaginé un truc de malade / incroyable. Et incroyable ce ne fut pas, bien que ce fusse bien.

En première partie, Fol Chen, en uniformes rouges, ont oscillé entre supers morceaux -en gros, ceux avec de la trompette- morceaux pas mal et morceaux pas bien (les slows). Au début je m'étais dit que j'allais acheter leur disque pour voir, mais en fait ils les vendaient à 25 euros ce qui est beaucoup trop cher pour un achat découverte. Donc ouais pas mal.

Liars ensuite, mieux mais presque trop classique. Ils étaient 5, ce qui fait deux de plus que les trois de base, ce qui a permis de jouer sur les niveaux mais qui a aussi un peu nuit à leur set en remplissant les vides et arrondissant les angles. Donc sec ce ne fut pas, leur set a surtout tourné autour de leurs deux derniers disques, dans lesquels il y a de chouettes morceaux-bulldozers et pas trop autour de Drum's Not Dead, dans lequel il y a des morceaux magnifiques qui prennent le temps de se laisser découvrir, et qui auraient bien contrebalancé l'ambiance au final très simplement rock du concert. Alors oui, il y a aussi eu des super morceaux et dans l'ensemble c'était quand même un très bon concert, mais il a manqué cette touche de folie qui a fait de leurs meilleurs disques de véritables chefs-d'œuvres. J'en suis sorti content mais avec la drôle d'impression que de n'avoir vu qu'une ou deux facettes de ce groupe dont la force est justement d'en avoir plein.

Liars: http://www.myspace.com/liarsliarsliars
Fol Chen: http://www.myspace.com/folchen

mardi 1 juin 2010

Trois disques.


Suckers, vite avant que tout le monde m'en dégoute (c'est pour bientôt) . Groupe de Brooklyn, le disque s'appelle Wild Smile. Ça sonne comme rien, ou plutôt comme pleins d'autres trucs en vrac, et pourtant c'est familier comme les bons disques savent l'être. Le chanteur arrive à canaliser les esprits du mec de Arcade Fire (je sais pas si vous avez écouté les deux morceaux sur leur site, mais bon, RIP) de celui de the National, de celui de TV on the Radio, de l'un des deux de Wolf Parade, de David Byrne et de Prince en mode falsetto. Tout seul. Et ce qui est remarquable au final c'est que malgré la liste ci dessus -qui pourrait faire tourner de l'œil le plus marin d'entre nous- ils arrivent à se créer une trajectoire qui leur est propre et, pourquoi pas, à sortir un des très, très rares bons "albums" (format phonographique, XXe siècle) de 2010.

Menomena, ensuite, qui avec Mines, leur quatrième disque si-je-ne-m'abuse, arrivent super bien à continuer là où Pinback piétinent depuis quelques temps déjà (avec pas mal de classe quand même) et à enchainer des super morceaux, dont l'incroyable "Tithe", pour n'en citer qu'un, sachant qu'il y en a d'autres, qui joue avec les vides que les musiciens laissent entre eux, sorte de machine rythmique qui bougerait exactement comme quelque chose de plus organique qu'une machine, avançant inlassablement, accumulant sous ses vérins la terre des expériences passées.

Pour finir, mon chouchou du moment est américain (si!) et officie sous le nom de Wild Nothing. Le disque s'appelle Gemini et c'est sorti sur Captured Tracks, label New-Yorkais du mec de Blank Dogs, dont le très chouette "Under and Under" (2009) s'est fait une confortable place entre mes oreilles. Et donc, Wild Nothing ça sonne beaucoup comme des groupes anglais des années 80 tels que the Cure ou the Smiths, avec des lignes de basses incroyables ("Summer Holiday") et des paroles à tomber par terre ("you've got some charm i must admit/ don't let me wreck myself again"). C'est bourré de mélodies qui se chevauchent pour créer de petites merveilles de chansons d'un romantisme presque désuet, émouvantes, douces, chaudes et amères, comme le début de l'été.